pic: LastNightsPartyIl y'a quelques semaines, c'est avec Detect que nous arpentions les rues de Reykjavik, et jouions au blue lagoon, avec une pointe de soleil blanc sur nos visages frigorifiés. Il y'a quelques semaines je questionnais Detect sur son nouveau maxi, ses nouvelles envies, et son petit déjeuner. Avec un peu de retard un peu de lecture pour attendre le metro dans les grèves.-Bonjour Detect, est ce que tu peux déjà nous retracer rapidement ton parcours de ta première boite de lego à ce maxi sur MG?J'ai jamais eu de lego quand j'étais petit, j'avais des petites voitures majorettes, et je restais assis sur un tapis tout seul pendant des heures à faire des allers-retours avec la voiture.
25 ans après ça n’a pas trop changé finalement. Sauf que j'ai remplacé la voiture par la musique.
Entre ces deux périodes j'ai découvert le hip hop vers 11 ans, mon cousin m'enregistrait des vidéos de Yo Mtv Raps et je voyais pour la première fois Dr.Dre, Easy E, Black Sheep, De La Soul ou EPMD à la télé. Peu de temps après j'ai vu une vidéo DMC avec Mixmaster Mike et Qbert et j'ai tout suite su que je voulais faire la même chose. Bon j'y suis jamais arrivé, mais je me suis acheté des platines au bout de 3 ans et j'ai commencé à m'acheter des vinyles par la même occasion. A 16 ans je partais une fois par semaine à Chatelet chez LTD et Sound Records pour essayer de choper un des 3 exemplaires de maxis Fondle'em qu'ils recevaient. Parfois ça marchait quand j'arrivais avant Orgasmic ou Fuzati dans le magasin.
Après j'ai rencontré toute la bande, Dj Fab, James Delleck, Fuzati, Orgasmic, Teki à l'émission Grek Frite. Vers 99/2000 j'ai commencé à jouer au batofar avec Fab et Orgasmic, à faire des mixtapes, j'ai rencontré la Caution qui m'ont proposé de scratcher sur leur album et tout s'est enchainé après. Tournés, albums avec Fuzati, James Delleck, Dj Sets, Klub des 7, j'en oublie ... En juillet 2005 on a décidé de remixer l’album Vive la Vie avec Fuzati. On a refait une quinzaine de son et il a reposé tous ses textes chez moi. J’avais fait ce morceau « bande à part » qui a servi pour le remix de « pas stable », et un pote d’Oliver (boss de MG) trouvait le son mortel et m’a proposé de faire un EP avec 6 morceaux dans l’esprit. Donc l’hiver dernier je me suis plongé dedans et ça donne « Bande à Part », 45t avec 7 petits morceaux instrumentaux, assez psychédéliques 70’s dont 1 avec Fuzati qui sort sur le label Corso Fleuri. Et cet hiver également Oliver m’a proposé de sortir un maxi 4 titres electro. J’ai demandé à Yuksek et Blende de me faire des remix et le tour était joué.
Le temps passe hyper vite, fais chier…
-Quel est ton processus de production, comment tu penses tes morceaux, comment les construis-tu, qu'est ce qu'ils racontent?Je n’ai aucun processus. Je fais tout au feeling. Ça donne souvent de la merde, mais je tente des trucs. Je n’ai pas de formule. Parfois je mets 1h pour faire un morceau, parfois 3 mois. Mais j’ai remarqué que les morceaux que je préfère ont été fait hyper vite pour la plupart. Je ne comprends pas trop les gens qui fonctionnent avec un système précis de production. Enfin, si, je le comprends, mais c’est pas du tout ma conception de la musique. Je ne fais pas de la musique pour les gens, je la fais pour moi avant tout. Après si ça peut sortir sur disque et toucher des gens, c’est génial, mais ce n’est jamais le but initial. Je ne me dis jamais « il faudrait que j’utilise ce genre de son, comme machin, ça claque bien en club et les gens attendent ça ». D’ailleurs, sur mon maxi « Dance Division », les deux morceaux ne sont pas du tout dancefloor. Je ne sais pas faire ça, et je n’ai pas envie d’apprendre. Soit ça vient tout seul, soit ça vient pas et tant pis. Yuksek et Blende se sont chargé de cet aspect. Je recherche avant tout l’émotion dans un morceau. C’est pour les samples et l’émotion qui s’en dégageait que j’étais attiré par le hiphop au départ. Il faut que la musique dégage quelque chose de fort pour que ça me touche. Donc ce que je travaille en premier ce sont les mélodies. Quand c’est réussi, on a tout de suite des images qui arrivent en tête ou des sensations. Parfois je pars même d’une sensation, d’un sentiment, que j’essaye de recréer dans une mélodie. Mais je m’en tape que ça « sonne bien, avec un gros son ». Les disques que je préfère ont presque tous un son de merde, parce que les mecs ont enregistré ça dans leur chambre ou sur un 4 pistes à l’époque. Mon but, avant de mourir, est de faire un album complètement intemporel, composé entièrement seul, avec toute mon âme, qu’on pourra réécouter dans 20 ans.
-Comment prépares-tu tes sets? Ton meilleur souvenir de club?Je ne prépare jamais rien. Tout comme je n’ai jamais fait aucune répétition en 5 ans avec Klub des Loosers. On essaye de garder le maximum de spontanéité sur scène. Il n’y a rien de pire que de faire exactement ce que les gens attendent de toi quand tu es un artiste. C’est le début de la fin. Et j’essaye de faire pareil en DJ set. Parfois ça passe moins bien, mais je m’en fous. Si j’avais un set rodé et que tout était prêt à l’avance, je m’emmerderais vraiment. Mais bon, j’ai la chance d’avoir une bonne maîtrise technique (que j’ai développée grâce au hiphop) et qui me permet d’aborder des mixes electro/techno sous un autre angle. Mais je n’ai aucune routine. Je sais un peu quels disques vont bien ensemble, et parfois je le découvre pendant que je mixe.
Mon meilleur souvenir c’était à Cape Town en 2003 en Afrique du Sud. Je mixais après Sal Principato, qui est juste le chanteur et percussionniste de Liquid Liquid, et le mec a dansé comme un fou pendant tout mon set ! A la fin, il est venu me voir en me disant qu’il avait adoré mon mix et, hyper humblement, « tiens, j’aimerais beaucoup te filer le disque de mon groupe, ça s’appelle Liquid Liquid, je sais pas si tu connais ». Je lui ai dit « mais mec, non seulement je connais, mais tu vas me le dédicacer et je vais l’accrocher chez moi ». Le lendemain matin, il faisait une conférence de presse et il a parlé de moi, ça défonçait.
-Quel est ton mode de transport préféré?Si c’est moi qui conduit, la voiture. Sinon mes pieds.
-Ton genre de céréale préféré?Je ne bouffe plus de céréales en fait. Avant j’en achetais, j’étais hyper content les deux premiers jours, j’en mangeais à fond, et après le paquet restait quatre mois dans mon placard à moisir. Donc depuis un moment je suis hyper classique : café, tartines de Nutella. Enfin quand je prends un petit-déjeuner, c’est-à-dire une fois par semaine.
Mais ce que Detect oublie de vous dire c'est qu'il bosse aussi avec Blende sur un maxi commun, dont en voilà un bel extrait.Blendetect - Apocope------------------------------------------(petits ciseaux)
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