Passé par les Gobelins avec "un bac ES mention branleur" et un DUT réseaux en poche, Vincent Bitaud est le créateur de La Ritournelle... Un garçon sensible qui shoote ce qui le touche, ce qui vit comme ce qui reste, les passants qui flottent, les visages qui menacent de nous échapper, la ville dans ses absences. Interview.Ton site, "La Ritournelle" qui fait référence à la chanson de Sebastien Tellier, est ouvert depuis 2 ans, bien avant que le monde soit en fait, enfin et largement sous la magie de cette chanson. Au moment où tu la découvres, qu'est-ce qu'elle réprésente pour toi, qu'est-ce qu'elle t'évoque ?Un énorme choc émotionnel et musical. Ce morceau parfait, dramatique et inspiré, cinématographique, m'a donc touché au point de donner son nom à mon site. Les thèmes de cette chanson se rapprochent de l'idée que je me fais de mon travail photographique : mélancolie, solitude, saupoudrée de quelques touches d'espoir. La ritournelle, pour moi, parle de ce sentiment doux-amer que l'on ressent lorsque l'on repense à un moment précis de notre vie, un instant de grâce. Je reçois régulièrement des visiteurs arrivés par hasard en cherchant des infos sur la chanson de Tellier. Certains m'ont dit avoir reconnu une certaine filiation entre cette chanson et mon travail, et cela m'a énormément touché. Petit message : si l'un d'entre vous connaît Sebastien, parlez lui de mon site, je meurs d'envie d'avoir son avis sur la chose, mais j'ai trop peur de m'adresser directement à lui.
Hormis la chanson de Tellier, qu'est ce que tu aimes ?J'aime la science des rêves, me perdre dans les rues d'Istanbul, le restaurant "le coupe gorge" près de l'hôtel de ville, et le "melocoton", un bar près du panthéon. J'aime les sushi, la raclette, les shooters vodka à la noix de macadamia, le jus multifruit tropicana. J'aime marcher seul au hasard des rues, j'aime les filles, j'aime les gens.
Qui sont tes sujets (amis, anonymes, les deux) ? Comment tu les abordes ?En ce qui concerne les anonymes, je ne les aborde pas. En photo de rue, je me cache, je me fais discret, et j'ai élaboré foule de stratagèmes pour me rapprocher au plus près d'eux sans me faire griller. Les gens sont en général très méfiants et n'aiment pas qu'on les photographie. Pour les autres, la plupart sont des amis, parfois des gens que j'ai rencontré sur internet dans le seul but de les faire poser. Si je remarque quelqu'un d'intéressant, je le contacte en lui envoyant le lien de mon site pour qu'il puisse se faire une idée de mon travail. Pour la grande majorité, ils deviennent mes amis, des gens que je viens à reprendre en photo régulièrement. Mes "modèles" doivent partager une certaine idée que je me fais de la photo et de la vie, leur personnalité doit m'inspirer, car je ne travaille jamais en préparant en amont. Tout se passe dans l'instant.
Comment tu parles de ton travail aux filles que tu rencontres ?Ahah j'aime beaucoup cette question ! La plupart du temps mes images parlent d'elles-mêmes... Mais le cas échéant, je leur fais part des lignes directrices de mon travail : solitude dans la ville, le vide, l'absence, l'aliénation, et les petites choses simples et belles de la vie. J'ai l'impression de sonner un peu creux en disant ça, mais ce sont vraiment des thèmes qui m'inspirent, aussi "ado en crise dépressif" qu'ils peuvent sonner.
Tu es Parisien, quels lieux t'aimantent au quotidien ?J'ai une incroyable fascination pour tout le réseau de transport parisien, en particulier RER et les quais de Châtelet, la plus grosse plate-forme de transit en Europe. C'est un véritable laboratoire social. "Culturellement", je traîne beaucoup mes guêtres à la Maison Européenne de la Photographie, à l'UGC des halles, à Beaubourg, au Jeu de Paume... Je sors majoritairement à la Maroquinerie et au Nouveau Casino, et de temps en temps, une petite soirée "We Love Art", ça ne fait pas de mal ! Pour ce qui est du logement, j'ai beau être sur Montreuil actuellement, je suis définitivement rive gauche dans l'âme, pour le coté lisse, propre, tranquille et bourgeois. Mes meilleures amies sont les mémés à chienchien !
Sur ton site, quelques titres d'electronica tendre forment une belle relation avec le défilé de tes photographies. Tu vois où je veux en venir ? Oui, je voudrais tes coups de coeurs, une playlist actuelle avec du Kim Hiortoy dedans.Musicalement, je suis toujours très porté sur l''electronica à tendance "mélodique". En vrac, j'écoute en ce moment beaucoup la bande de son du film d'animation japonais jin-roh composée par hajime mizoguchi, le LP "First Narrows" de Loscil, ainsi que les LP "Spirit of Eden" et "Laughing Stock" de Talk Talk, deux albums sublimes.
Sinon, en vrac : Nathan Fake, Gonzales, Apparat, The Knife, Kim Hiorthoy (ahah), Fennesz, Ecoplan, The Kooks, Toumani Diabaté, SubtractiveLAD, Monoceros, Mr Projectile, Maserati, Kriipis Tulo (et très largement l'intégralité du catalogue sutemos), Mark Hollis, Abfahrt Hinwil, Proem, Arovane, Refused, Gojira...
MP3 :
Kim Hiortoy - Mandarinernawww.laritournelle.comle blog de Vincent
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