"elle l'a trouvé sur le minitel glauque"

pic: DirtyDirtyDancing

J'ai des genres de fichiers textes super longs, avec tout dedans, puis j'efface tout, je perds tout, bon à part les playlist house pouet pouet de Kraeger. Ekler'o'shock x Fluokids, ben oui coco, et c'est pour la sortie de la compil Unexpektheadz 2 que le mariage est consommé. Première part de Gateau, interview de Matt, tête pensante du label parisien.

-Comment est né Ekler?
Ekler'o'shock est né en juillet 2002, après plusieurs expériences dans le milieu de la musique, avec l'envie affichée de faire de beaux disques de manière quasi artisanale, en signant des vrais coup de coeur, sans se limiter à un genre en particulier. On parlait deja de netlabels à l'époque, mais pour nous, il fallait pouvoir sortir de vrais disques, des objets qui restent, produits en petites quantités. Mon associé Clément m'a rejoint au bout d'un an, quand on a sorti le premier maxi d'Apsci, ce qui nous a permis de nous faire un nom à l'époque.

-Comment vous choisissez vos artistes?
D'abord au coup de coeur, on aime les gens qui ont un univers sonore, mais pas seulement. Il faut qu'on partage certaines affinités, un goût pour le décloisonnement, la prise de risque, et que ça fonctionne aussi sur un plan affectif. Ca parait évident mais il est primordial de pouvoir être en phase pour sortir des disques dans de bonnes conditions. Dorénavant l'aspect scénique est devenu un vrai critère de choix pour nous. Si vous avez l'occasion de voir Terry Poison en live, vous allez purement et simplement prendre une énorme claque. Le disque disparaissant progressivement, l'enjeu de la performance live en devient d'autant plus crucial.
Chez Ekler'o'shock, on aime les artisans, les gens qui ont de l'amour pour ce qu'ils font, qui s'investissent pleinement.

-Est ce que tu crois que le fossé entre musique club pur et la musique electronique plus 'alternative' va grandissant?
Non, bien au contraire. Je pense que la musique purement et simplement club n'a qu'un avenir limité, peut être pas en terme de ventes, mais en terme de durée de vie. Aujourd'hui je réécoute peut être seulement 3 ou 4 maxi de mes années de lycée, les Daft avec Da Funk/Rollin' & scratchin, le Mothership reconnection de Scott Grooves remixé par les Daft, Crispy Bacon de Garnier; Plastic Dreams, et quelques bombes rave pour délirer, comme the Meltdown de Lunatic Asylum. Alors que y'a plein de maxis de rap que j'ai toujours du plaisir à réécouter, que ce soit les premiers Xmen, Gangstarr, Edan, Digital Underground, Das Efx, Antipop Consortium, un maximum de trucs en fait, et ça ne vieillit pas. Pour en revenir à l'electronique, je pense qu'au contraire on doit pouvoir se servir a la fois des grandes influences club, de Moroder aux Daft en passant par le rock pour stade à la AC/DC, mais aussi des défricheurs un peu pointus certes, mais qui apportent de nouvelles structures ryhtmisques, des textures dingues, du psychédélisme, de la dérision. Amon Tobin, Aphex Twin, Tangerine Dream, Klaux Schulze, Pierre Henry, Jean Jacques Perrey, François de Roubaix, le Death Comet Crew, même si tous ces artistes n'ont pas grand chose à voir les uns avec les autres, ils font partie d'une couche peut être moins visible aujourd'hui pour les jeunes générations electro, mais ce sont de vrais grands musiciens, ils ne sombreront pas dans l'oubli en deux temps trois mouvements. Des gens comme Jackson, Oizo, Herbert, Joakim, Ark ou Noze font très bien le pont pour moi entre ce côté savant, référéncé et classe, et l'efficacité de le musique club. Et pour en terminer avec cette question,quand tu entends les beats de Timbaland sur l'album de Justin Timberlake, ou le remix de Jamelia par Oizo, tu te dis que les limites n'existent plus, les seules frontières ce sont tes oreilles. La génération Ipod est une génération de zappeurs qui a la plus grande discothèque du monde à portée de main. Ce serait stupide de se limiter à la seule musique de club. J'espère que les kids écoutent aussi des labels electro comme Active Suspension, Wwilko, Bip Hop, Tigersushi, Border Community, Smalltown Supersound, qu'ils n'ont pas peur d'essayer de comprendre la puissance du métal, la portée universelle du classique, le côté dramatique et incandescent des morceaux de Godspeed You Black Emperor... Bref, tout ça pour dire que club ou pas club, l'important, c'est de faire de la bonne musique, de trasnmettre une véritable émotion.

-Tu peux nous raconter l'aventure Unexpektheadz 2?
Unexpektheadz 2 c'est une sorte de bande son à la fois actuelle mais avec un côté que j'ai voulu un peu hors du temps. Le premier morceaux est un clin d'oeil à tous ces génies de l'early electronics, comme Jean Jacques Perrey ou Gershon Kingsley, des trucs qu'écoutaient nos parents en pensant que c'était vraiment super cheap. Et puis tu as du rap electronique, on a grandi avec cette culture hip hop, et on est heureux de voir qu'elle est toujours aussi vivace, que des mecs prennent de risques, sortent des cases. Au final c'est 1 an de boulot, plus de 30 morceaux préselectionnés, 18 retenus, 78mn pour s'envoyer en l'air sous fond d'electro funk lubrique, de cosmic tech nouvelle génération, de 8 bit freaky, de rap digital et d'electronique cotonneuse. Des artistes de tous bord, venus de Tel Aviv, Barcelone, Londres, Paris, Vancouver, toujours une part belle accordée aux femmes et aux riot girlies qu'on soutient -Terry Poison ,Stinkmitt, Adrenaaline). j'ai confié l'artwork à Fake, que j'ai découvert il ya un an et demi, avec pas mal de chouettes camions cartonnés dans mon quartier.

-L'avenir pour Ekler c'est quoi?
Au niveau du label, on vient de signer avec Naïve pour 3 albums de datA, en avril on sort le premier maxi des Terry Poison qui vont casser la baraque cette année, et puis on continue à travailler avec Xerak, Léonard de Léonard, et à collaborer avec plein de gens comme Crunc Tesla, dDamage, Apsci. On continue notre résidence radio sur campus paris tous les mois, et on fait tourner nos artistes le plus possible. datA commence à faire quelques remixes, il a deja fais un super remix pour Tepr et Grand Marnier, là il vient de remixer Terry Poison et Nelson, les propositions arrivent progressivement.
A côté de ça, on continue à programmer des djs, quelques lives, des expos et des aftershows dans plusieurs endroits, le Chéri(e), le Kitch up et bientot le Café K à Paris..On a eu Nouvelle Vague, Jarvis Cocker, les Pipettes au Kitch Up, bientôt Cassius, donc tu vois, nos journées comme nos nuits sont bien remplies.

order Unexpektheadz 2

Terry Poison - 24 Hours